dimanche 2 janvier 2011

Fashion Made In Angola



Article extrait de Fashionmag



L'Angola veut attirer des stylistes étrangers et relancer son industrie textile pour habiller une bourgeoisie naissante qui s'est enrichie avec les revenus du pétrole mais peine à s'habiller à Luanda... faute de magasins de luxe.

"Plus de 90% des vêtements portés en Angola sont achetés à l'étranger. Chaque jour, au minimum trois millions de dollars sortent du pays dans le domaine du prêt-à-porter et des cosmétiques", regrette Matos Cardoso, organisateur du Fashion Business Angola.
"Notre objectif est d'inverser cette situation", ajoute l'homme d'affaires qui a réunit plus de 30 stylistes africains pour ce salon de la mode, organisé en décembre à Luanda.
En Angola, où 87% de la population urbaine vit dans des bidonvilles, une poignée de privilégiés bénéficie grâce à la manne pétrolière d'un pouvoir d'achat exorbitant, roule dans des 4X4 rutilants et loue des villas à 15.000 dollars par mois.

Mais pour se vêtir, ces nantis sont dépourvus. La capitale angolaise abrite cinq millions d'habitants mais ne compte qu'un seul centre commercial: Bellas Shopping dans la banlieue résidentielle de Luanda Sul.

La minorité aisée n'a pas d'autre choix que de faire son shopping à l'étranger. Alexandra Pinto de Andrade, employée dans une compagnie pétrolière, déniche des tenues chics grâce à son réseau de copines qui font leurs courses dans les capitales européennes, au Brésil ou en Asie. Cette trentenaire trouve aussi son bonheur à Londres où elle va en vacances chaque année et aux Etats-Unis lors de ses déplacements professionnels. "Et le +must+ pour les Angolaises branchées, c'est d'aller à Dubaï une fois par an faire le plein de vêtements", confie-t-elle. Pour capter cette clientèle, l'Angola tente de relancer le secteur textile, très développé avant la guerre civile (1975-2002).

La culture du coton, dont le pays était un des premiers producteurs africains, a déjà repris dans certaines régions et le gouvernement a annoncé en juillet vouloir rouvrir trois usines textiles.
En parallèle, l'Angola tente d'attirer sur son sol les maisons de couture étrangères. "Notre but, c'est que les stylistes, les entrepreneurs, les mannequins angolais interagissent avec les étrangers du milieu pour apprendre d'eux", explique Matos Cardoso.

"Il y a des pays d'Afrique où la mode représente déjà une industrie, notamment de la confection, comme le Sénégal, le Mali, la Côte d'Ivoire. Nous aimerions en faire de même", espère-t-il. Le créateur portugais Nunno Baltazar pourrait être l'un des premiers à investir en Angola. Disposant déjà d'une clientèle angolaise dans son atelier de Lisbonne, il a présenté au Fashion Business Angola ses créations et a bon espoir d'imposer à Luanda ses petites robes de cocktail aux couleurs acidulées et ses fourreaux élégants qui coûtent jusqu'à 5.000 dollars.
Funmi St Matthew Daniels, directrice commerciale de la célèbre enseigne nigériane
TiffanyAmber, vient également de réaliser à Luanda son tout premier voyage de prospection en Afrique.

De la petite jupe en coton à 165 dollars à la tenue de soirée en soie brodée à la main de pierres précieuses, à 1.500 dollars, la femme d'affaires s'est aperçue que ses tarifs se situaient en dessous des prix du marché local. "En plus, notre produit est relativement unique par rapport à l'offre existante, dit-elle. Il y a un potentiel ici c'est sûr".